CONFESSION D’UN MAGICIEN FOU : ACTE 3
" Ma précieuse"
" Je ne sais pas à qui raconter ce qui m'arrive. Ce que je sais par contre, c'est qu' avec toutes les âneries qui sont postées sur Facebook, à longueur de journée, c'est sûrement du coup l'endroit le plus opportun.
Cela a commencé hier soir, dans la nuit. En allant soulager ma prostate pour la 5 ème fois. Il faut dire qu'avec un diurétique à l'apéro, double ration de soupe pour le plat, deux morceaux de pastèque en dessert et une pisse mémée, il fallait bien que toute cette flotte trouve une sortie et ce n'est pas en transpirant qu'elle va y arriver, mon activité physique se résumant à faire des allers retours entre le canapé et la chaise de la cuisine en journée.
Mais revenons à nos moutons. Sur le trône j'ai entendu comme un petit piaillement très aigu. J'ai d'abord pensé au chat du voisin qui gratte toujours dans mes carottes pour faire ses affaires, mais non.
Le bruit est revenu une fois blotti sous ma couette, un peu plus fort et je pus entendre mon prénom. Feignant alors d'avoir les yeux clos j'en entrebâillai un, qui me permis de distinguer une petite ombre dans le couloir. Bigre qu'est ce donc cette chose, comment connaît-elle mon prénom ?
Le lendemain en ouvrant ma boîte au lettre il y avait un mot sur un carton à mon attention confirmant du coup mon angoisse. Il disait ceci : « Dépose ta dent ce soir avant 00:00 au fond du couloir, à l'angle de la plainte et de ton armoire ikéa , devant le petit trou ».
Cette fois ça ne fait plus aucun doute, c'est elle, la petite souris.Je me rappelle très bien enfant quand elle faisait preuve de bonnes manières. La première fois que nous nous sommes croisé, fut lorsque la bonne idée me prit de vouloir lâcher à pleine vitesse, le guidon de mon biclou, en descente d'une rue pavée où je frimais avec mes languettes de pot de yaourt coincées dans les rayons, pour aguicher la minette, souvent plus jeune que moi de 40 printemps.
Ce n'est évidemment pas lors de mon passage au-dessus du guidon que le drame arriva, mais à la réception, quelques mètres plus loin, contre la boîte aux lettres des PTT. 14 dents d'un coup, j'ai perdu. Le soir c'est sous des centimètres de bandage autour des joues et sous deux oreillers que j'avais livré ce qui restait de mes chiques, à ce petit mammifère que je ne connaissais pas.
Le lendemain, j'avais quand même eu droit à un traitement de faveur. Là où les autres de ma classe se vantaient d'avoir eu une pièce de 10 francs, constatant l'ampleur du problème, la bête avait préféré me laisser un chèque et un petit mot ,dont l'humour ne laisser rien présager de bon pour les années à venir:
« T'as de la chance, les bonbons ça se sucent ! »
Sur le coup je n'ai même pas pensé à être vexé, les 400 dollars inscrit sur le papelard me procurant joie et allégresse pour les semaines à venir, j'en oublia mon infortune.
Mais la s'en était de trop. Je trouve sa démarche cavalière, limite militaire. Je n'ai pas l'envie de lui céder ma dernière quenotte, qui dodeline d'accord, mais sans qui mon sourire n'aurai plus le même éclat. Certes c'est peut être mal indiqué de parler d’éclat car la voila qui jaunie depuis que j'ai rangé la brosse à dents, qui n'avait plus de poils, et qui m'a servis la dernière fois, il y a 5 ans.
J'y tiens à ma précieuse, c'est sentimental je voudrais bien t'y voir toi à mon age.
La journée passe il est déjà 18h et je me dois de trouver une solution rapidement sans quoi, demain au réveil, je serai sur les gencives. J'ai déjà plâtré l'endroit d’où elle sort habituellement avec du ciment et des morceaux de verre pillés. J'ai mis quelques tapettes à souris avec un appât de choix, gruyère cœur de meule qui me restait dans le fridge.
N’écoutant que mon courage je m' afrusque d'un gilet, chausse mes mocassins en daim rouge et enfourche mon vélo direction la gare TGV à quelques encablures de là, histoire d’être sur de me situer à bonne distance de la bête et, de passer un week-end loin de mes soucis quotidiens.
Tout en pédalant, je consulte une application, sur mon iphone, justement prévu à cet effet par un développeur qui devait, tout au plus me ressembler physiquement, tout au moins partager avec moi le souvenir d'une dentition parfaite disparue trop tôt.
Me viens une vision horrible. Je m'imagine la tronche de ce pauvre gaillard qui me ressemble malheureusement, avec sa dent pourrave et la motivation d'un geek sauveur de moldu à un chico…
J' éclata de rire et dans la rigolade, je sentis ma dent se déchausser et partir en avant. J'entrepris de refermer la bouche sur l'ultime, ce que je fis et dans la précipitation je l'avala d'une bouchée.
J'ai tout annulé sous le choc. Maintenant que je n'ai plus de tabouret dans la salle à manger, retour au bercail, le vélo sous le bras. Une chose est sûre, la souris ne pourra pas terminer sa collection, mais une question me hante maintenant…
Comment vais-je faire pour avoir mon chèque ? "
Les confessions ?
Au départ ce sont des acecdotes de ma vie de magicien que j'ai rangées dans un coin de ma mémoire. Ces souvenirs que je souhaite vous faire partager, passent par mon imagination pour donner ces histoires abracadabrantesques, qui je l'espère, vous plairont !Aurélien Martin