CONFESSION D’UN MAGICIEN FOU : ACTE 5
« Esprit es-tu là ? »
" Voulant me lever de mon lit ce matin, quelle n'a pas été ma surprise en voulant chausser mes charentaises en poil de coco, quand je vis que mes ongles de pieds avaient été vernis dans la nuit, d'un rouge à faire pâlir une péripatéticienne du bois de Boulogne.
Aucune coulure, rien. J'en connais un rayon et ça c'est pas un travail de cochon et ce serait donner beaucoup trop de qualité et de crédit à la tronçonneuse qui partage mes nuits, à savoir ma belle et tendre, si je l'eusse accusé de ce méfait. Aucun doute là dessus puisque avec ses deux moignons, elle n'arrive même pas se curer le nez, alors s'amuser à colorer les nougats d'un autre qui dort en gesticulant de surcroît...
Je sais de source sûre, d'un ivrogne qui habite le quartier, qu'en achetant la maison j' eus le « package all-inclusive » avec fuites au niveau du toît et fantôme frappeur. Il faut voir les nions que je me prends en pleine nuit. Chaque matin je me réveille avec la gueule plus amochée que la veille. Une fois même la gendarmerie est venue pour embarquer ma femme pendant que j’étais sorti à la boulangerie chercher baguette et journal. En traversant la place avec les joues boursouflées, les yeux écarquillés persillés d'un rouge sang, certains avaient du prévenir discrètement les condés de mon triste sort et la police ici eut vite fait de porter ses soupçons sur celle que tout accusait.
La vieille gueulait comme un cochon qu'on égosille et se débattait comme un asticot car les policiers, ne pouvant lui mettre les menottes à cause de ses bras sans mains l'avait ligoté comme un saucisson et sortis en la portant à plusieurs sur le seuil de la porte. Ils l'a tenait fièrement à bout de bras, l’exhibant fièrement comme une carpe de 100 kilos à un concours de pêche, et l'un d'eux en profita même pour immortaliser ce moment à jamais sur la pellicule.
Sur le coup j'ai pas compris qu'il s'agissait de mémère. C'est quand elle resta coincé avec son derrière dans la porte coulissante du panier à salade que j'entendis distinctement qu'elle m'appelait par mon prénom. Généralement quand ça arrive je me barre de peur de me prendre une soufflante, et je fis mine de ne pas la voir ou l'entendre en me cachant courageusement derrière les nouvelles fraîches du canard que je venais d'acheter. Ils sont partis en trombe, policiers et toute la clique, ainsi que la vieille avec les deux guibolles qui dépassaient de la porte latérale, accrochant sur un rythme qui allait en s’accélérant tous les plots en bétons de la place qui se trouvaient sur son chemin. Elle gueulait la vieille ruche, fallait voir.
C'est 48 h plus tard vers 22h qu'elle rentre à la maison en robe de chambre et claquette, les cheveux en épouvantails, le poil raide, avec une haleine de poney. Elle claqua la porte d'entrée derrière elle, marmonna un truc incompréhensible, et elle s’étala sur le canapé le scellant définitivement dans le parquet.
Pendant qu'elle dormait dans le salon j'en profitai pour tirer cette histoire de fantôme au clair en montant un stratagème très fin pour le peu de neurones qui me reste. J' installa à ma place dans le pucier, un rondin de bois plus ou moins rond qui allait devoir faire illusion. Je lui fit deux gros yeux noir, colla sur le haut une vielle perruque de clown qui traînait dans mon placard et en lieu et place du nez j'y ai enfoncé une carotte. Tout ceci posé délicatement sur l'oreiller, l'illusion était parfaite...dans le noir !
Moi je m'installa de l'autre côté du lit, côté mémère, équipé d'un drôle d'accoutrement mais chasse au fantôme oblige. Dans un premier temps il me fallait ressembler à ma femme et ce n'est pas chose aisée. Je me suis maquillé les mirettes, appliqué un beau rouge à lèvre carmin, crêpé les 3 poils qui me reste sur le caillou avec un peigne pour me faire une houppette sur le haut du front, parfumé à l'eau de Cologne derrière les esgourdes et entre les jambes et mis un supo dans chaque oreille.
Ensuite le dispositif était composé d'un polaroid à flash dont j’avais passé la dragonne plusieurs fois autour d'un de mes poignet. Un détecteur de présence qui n’était rien d'autre qu'une ficelle tendue dans le passage de la porte à hauteur de genou, relié à l'autre bout à un épilateur électrique lui même sanglé sur la face intérieur de ma cuisse droite avec plusieurs tour de gaffer.
Tu rigoles hein ?
Je tiens cette technique de réveil ultra discrète, car l’épilateur se contentant de vibrer, d'un ami chasseur de renard à l'occasion, qui pour plus de confort lors de ses chasses nocturnes et afin de ne pas effaroucher l'animal, droguait le goupil avec de la merguez fourrée d' une dizaine de « Tranxène ». Que le lecteur se rassure, même une fois les merguez avalées, la bête droguée et titubante, le tireur ne fit jamais plus que quelques trous dans son gazon…
Fort de cet enseignement il ne me restait plus qu'à enfiler une dizaine de pulls et autant de pantalon pour mimer l'embonpoint de ma dulcinée. La bestiole faisant quand même dans les 180kg. Une fois fait je ne pouvais plus guerre bouger et c'est avec cet accoutrement et suant à grosse goutte que je me suis glissé ou plutôt échoué dans le pieu à côté de ma souche déguisée. J'avais chaud mais j’étais prêt.
En pleine nuit mon alarme se déclencha et le rouleau de l’épilateur se mit en branle me réveillant par la même comme prévu. Cependant le scotch qui le retenait contre ma cuisse céda car je n'avais pas pensé à remettre le capuchon de protection en plastique. Il s'enroula alors autour de mes poils puis entrepris de les arracher. Étant plutôt velu des patounettes il remonta ma guibolle et chaque poils arrachés me déchirait le cœur et me tirait la larme à l’œil. Je compris très vite qu'il y avait urgence. Le fantôme devait certainement être dans la même pièce que moi, prêt à m'en mettre une bonne encore dans les gencives, et je devais composer avec la courte fenêtre de tir que j'avais pour le photographier, l’épilateur remontant vers mes roupettes et le tout dans la plus parfaite obscurité. C'est la douleur qui me fit appuyer trop tôt et trop tard sur la gâchette de l'appareil photo. Plusieurs flash partîmes, le fantômes déguerpi aussi sec et j'attrapai la loupiote de ma table de chevet pour visualiser l'alimentation de l’épilateur qui lui était remonté dans le même temps jusqu'au torse la douleur se faisant encore plus vive une fois les tétons rasés.
Une fois que je pu me débarrasser de toutes ces couches de vêtements c'est un massacre que je vis. Il y avait sur mon corps le dessin d'une autoroute fumante rouge et imberbe qui partait de la cuisse jusqu'aux tétons finissant de me ridiculiser mais je savourai ma victoire d'avoir obtenu les clichés tant convoités.
La première, prise de trop près, était un zoom sur les trous de nez du mystérieux, donc sans intérêt mais le deuxième cliché ne laissa aucun doute sur son identité. Il avait poussé le vis jusqu’à se faire passer pour mémère en se travestissant et en utilisant sa robe de chambre à carreau vichy.
Je descendis en 4ème vitesse dans la cuisine et mémère était assise là sur sa chaise, lessivée et plutôt de mauvaise humeur non contente certainement de son séjour à l’hôtel de police et du bazar qui avait dû la réveiller en m'entendant hurler de douleur durant mon épilation involontaire. Je lui montra les clichés et contacta par téléphone le premier exorciste digne de ce nom dans le bottin à 5h du matin pétante.
J'eue à peine raccroché le combiné que cela frappa à ma porte. Quand j’ouvris la porte, diantre il était déjà là, garé devant chez moi, avec sa mobylette hurlante et fumante qu'il laissa tourner le temps de me passer sous le nez et d'entreprendre sa mission. C'est en survêtement qu'il était habillé. Il brandit de sa poche son téléphone portable avec comme fond d’écran un crucifie et comme musique d'ambiance un titre improbable du célèbre groupe de rap « Nique ta Mère » et se mit à courir dans toute la maison d'une pièce à l'autre. A son retour 2 minutes plus tard, il me salua d'un tchô, pour ensuite sauter sur sa pétaradante et repartit aussi vite qu'il était venu dans une fumée bleue qui me gratte encore la gorge au moment où j’écris ces lignes.
Ce n'est qu'environ 2 mois après que le fantôme à réellement disparu de ma vie subitement en sortant d'un rendez-vous chez le notaire. J'y été allé faire mon testament pour mettre la maison à l’abri en cas de malheur et faire de ma bien aimée l'héritière de ma chaumière et de toutes les affaires s'y trouvant rattachés de près ou de loin. Depuis tout va bien, cependant, j'observe que les tisanes que ma femme me prépare plusieurs fois par jours avec amour, ont un très fort goût d'eau de javel, qu'elles clignotent et que je commence à perdre mes cheveux..."
Les confessions ?
Au départ ce sont des acecdotes de ma vie de magicien que j'ai rangées dans un coin de ma mémoire. Ces souvenirs que je souhaite vous faire partager, passent par mon imagination pour donner ces histoires abracadabrantesques, qui je l'espère, vous plairont !Aurélien Martin